Ecologie
du genre Ferocactus
La plupart des Ferocactus se rencontrent sur des terrains rocailleux, très
perméables et très accidentés. Cependant le Ferocactus latispinus se
rencontre en abondance au Mexique sur les fonds de larges vallées. Il est
souvent de même pour le Ferocactus wislizenii en Arizona et Sonora. Tous
ces Ferocactus dans des
terrains riches prospèrent dans des terrains riches en chaux et toutes
les espèces du genre supportent gaillardement les sols basiques. Tous les
Ferocactus ne sont pas des plantes du désert. Le Ferocactus viridescnes
des environs de San Diego en Californie et des cotes de la Californie méridionale
pousse au milieu d’autres plantes et le Ferocactus herrerae se rencontre
dans la foret d’épineux de la région de Sinaloa, le plus souvent sur
des plaines limoneuses où la végétation tropicale et très dense en
raison des 50 ou 75 cm de précipitation estivales. C’est l’excès
d’humidité qui empêche la propagation des Ferocactus vers le sud, la
plupart des espèces se rencontrent dans des régions où la somme des précipitations
annuelles se situe entre 7 et 55 cm. Là où les précipitations dépassent
50 cm d’eau par an, le système très particulier de stockage de l’eau
n’est plus nécessaire et constitue au contraire, un handicap
puisqu’il est de nature à provoquer la pourriture. D’un autre côté,
ce sont les basses températures qui empêchent toute propagation du genre
vers le nord. Les Ferocactus peuvent pendant de courtes périodes
supporter des températures de 6 à -10 ° c, mais on peut être certain
de leur destruction quand la baisse de température persiste à des températures
de l’ordre de – 2 °C. Les sujets turgescents et gorgés d’eau sont
évidemment plus fragiles que ceux déjà desséchés et en repos. Les
graines de cactus exigent pour germer de la chaleur et de l’humidité,
c’est ainsi que pour les semis survivent il leur faut une période
pluvieuse et une température minimale de 22°C.
Les facteurs biologiques ne semblent pas avoir affecté
l’existence des Ferocactus, mais il n’en est pas de même de
l’augmentation de la population dans le désert. Les insectes peuvent
aussi les leur causer quelques dommage, mais on ne peut cependant oublier
qu’ils sont les principaux agents de fécondation. E, effet, les fleurs
de Ferocactus sont vraisemblablement autostériles, puisque les anthères
et le stigmate n’arrivent pas à maturité en même temps.
Les fourmis, les abeilles et tous les insectes se nourrissent de
nectar et de pollen sont attirés par les cavités nectariennes des fleurs
et par les aiguillons glandulaires des aréoles fertiles qui secrètent
une matière sucrée).
Certains insectes
endommagent vraiment quelques espèces de Ferocactus, comme par exemple le
diaspis echinocacti (bauche) qui
attaque des plantes de genres divers mais qui dans le genre Ferocactus, ne
s’en prend qu’au Ferocactus latispinus. S’il ne cause pas trop grand
dommage dans la nature, il n’en est pas de même dans les serres où on
les considère comme une véritable peste.
Les cochenilles qui
parasitent les opuntias et les genres apparentés ne s’intéressent pas
aux Ferocactus. La larve d’un lépidoptère, probablement l’Eremberga
creabates (Dyar) perfore le tronc du Ferocactus fordii var.fordii, mais ne
tue pas pour autant la plante et selon toute vraisemblance ne s’attaque
pas aux autres espèces.
Mortensen (1930, p172) a déjà
signalé que la larve d’un papillon nocturne, le Cactobrosis
fernaldianis, s’attaque aux Ferocactus wislizenii de l’Arizona. J’ai
aussi trouvé des gros coléoptères noirs dans des cavités de la partie
souterraine du Ferocactus macrodiscus, mais je n’ai pas eu
l’impression qu’ils se nourrissaient de sa chair. Les coléoptères
foreurs à tête plate, acmaeodera quadrivattat et Acmaeodea lucarn
mangent le pollen des Ferocactus, mais ne peuvent aussi très bien être
des agents de pollinisation.
Les puissantes armatures d’aiguillons des « tonneux du déser »
servent de toute évidence à les mettres à l’abri de la voracité des
herbivores, mais ne constituent qu’une protection très relative de
leurs fleurs. L’écureuil terrestre, Citeluus leucrus, a été bien
souvent aperçu en train de manger les fleurs du Ferocactus acanthodes.
Plus tard dans la saison, il décapsule soigneusement le desuus des fruits
et consomme les graines qu’ils contiennent. D’autres petits rongeurs s’attaquent
à leurs grosses racines au niveau du collet.
Pendant les périodes de grande sécheresse, les
aiguillons ne suffisent cependant pas à éloigner
les animaux assoiffés. C’est ainsi que les lapins parviennent à
décortiquer la base de la plante pour accéder à l’interieur et se
nourrir de sa pulpe juteuse. Le Ferocactus acanthodes var. lecontei est
parfois déraciné à coups de pattes par un mouflon du désert, l’Ovis
canadensis nelsoni qui se nourrit également de sa pulpe gorgée d’eau.
Mr Fritz Schwartz affirme avoir observé des daims, des cheveaux et des
bourricots qui a coups de sabots débarrassaient de ses aiguillons une
partie des Ferocactus histrix et qui enfouissaient prudemment leurs
museaux jusqu'à sa pulpe charnue.
Bien que la liste de ces ennemis semble déjà longue, il ne semble
cependant pas qu’ils aient sérieusement compromis la propagation des
Ferocactus mais il n'en est^pas de même des hommes qui s'installent de
plus en plus en plein désert. De plus, certaines espèces ont été
récoltées en si grande abondance qu'elles sont devenues extrêment rares
dans certaines régions où elles abondaient jadis, au point qu'on a du
promulger des lois qui interdisent sévèrement la récolte.
Les Ferocactus sont fréquemment utilisés comme fourrage au Mexique où grâce
à eux on parvient à élever des chèvres et même du bétail dabs des
régions désertiques où on ne trouve que très peu pour les nourrir.
Dès que la végétation annuelle se raréfie, les fermiers coupent les
Ferocactus au collet, les débarrassent de leurs aiguillons et les donnent
tout entiers comme fourrage. Un Ferocactus adulte qui a toujours au moins
cinquante ans ne représente pour ces élevages de misère qu'une maigre
ressource ce qui conduit à l'extermination progressive de certaines
espèces. Le Ferocactus diguetti était jadis très commun sur les ïles
Coronados près de Loreto en Basse Californie. Il est devenu introuvable
depuis qu'on l'a utilisé comme fourrage.
En 1937 j'ai pu observer un grand nombre d'énormes Ferocactus dans la
plaine "Southern Magdalena" en Basse Californie mais en 1951 je
n'en ai pas retrouvé un seul. Il en est exactement de même pour les
exemplaires géants de Ferocactus covillei près de Guaymas ( Sonora).
Les Ferocactus sont également utilisés pour la fabrication des
"cactus candy" tant au Mexique qu'aux U.S.A. Des tranches de la
pulpe sont mises à bouillir dans un sirop de sucre et ne servent plus en
fin de compte que comme support des essences qu'on y ajoute pour leur
donner un certain goût. Il conviendrait également qu'on interdise cette
pratique.
Les fruits de deux espèces au moins, Ferocactus pilosus et histrix sont
consommés par certains Mexicains.
**** Article du Dr. George E. Lindsay -
Californie-U.S.A
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